DÉCOUVERTE
PROFESSION
Aménageur
d’aires protégées
Patrick Rodrigue
N
ATIF DE LA MORANDIÈRE, NORMAND ROY A LONGTEMPS VOULU AMÉNAGER UN SENTIER PÉDESTRE À VAL D’OR, OÙ IL A RÉSIDÉ PLUSIEURS ANNÉES. C’EST FINALEMENT À LA CORNE QU’IL A DÉNICHÉ L’ENDROIT DE SES RÊVES. APRÈS DES ANNÉES DE LABEUR ACHARNÉ, LA FORÊT ORNITHOLOGIQUE ST-BENOÎT EST MAINTENANT EN VOIE D’ÊTRE RECONNUE AIRE PROTÉGÉE.
CLAUSTROPHOBES S’ABSTENIR
Au premier contact, le promeneur éprouve le sentiment que la forêt surveille les visiteurs d’un oeil méfiant. L’étroitesse des sentiers - pas plus de 30 pouces de largeur - amplifie cette impression. “ J’ai aménagé le terrain presque pour que les claustrophobes aient peur, reconnaît M. Roy. Les sentiers suivent le tracé du terrain et l’emplacement des arbres. Je visais deux objectifs : garder la forêt la plus naturelle possible pour qu’elle redevienne facilement comme avant, si jamais je ne devais plus être capable de l’entretenir, et empêcher les véhicules tout-terrains d’y pénétrer par les sentiers. ”
100 % NATUREL
D’ailleurs, pratiquement aucun élément extérieur au territoire n’a été utilisé dans la préparation des sentiers. Là où des trottoirs ont été nécessaires, Normand Roy a employé des bûches de bois mort fendues en deux ou des pierres. Plus loin, des escaliers ont été taillés dans des arbres jetés au sol. Et jamais un clou n’a été planté.
Les seuls éléments étrangers (et encore!) sont les 70 nichoirs qu’on retrouve tout le long des sentiers et les quelques 300 oiseaux de bois entièrement peints à la main attachés aux arbres avec des cordes pour baliser le trajet. “ C’est unique en son genre, mais c’est aussi beaucoup plus long à faire que je pensais ”, mentionne l’ornithologue amateur en riant.
Aucun recensement officiel de la faune aviaire n’a encore été réalisé. Cependant,
Le pic flamboyant est un locataire régulier de la Forêt ornithologique Saint-Benoît
une sortie effectuée par la Société du loisir ornithologique de l’Abitibi-Témiscamingue en mai a permis d’observer 48 espèces différentes. “ À cause de la diversité des milieux, on retrouve une belle diversité, fait valoir M. Roy. Je pense, entre autres, à la paruline couronnée ou au passerin indigo. Je vois aussi un aigle pêcheur faire sa tournée de temps à autre. ”
COMME UN KALÉIDOSCOPE
Deux sentiers peuvent être empruntés, chacun formant une boucle. Le Sentier des
Belvédères s’adresse aux randonneurs pressés. D’une longueur de 1 km, il permet de faire le tour de la colline en moins d’une heure. Au sommet, on embrasse d’un seul regard plusieurs paysages fascinants. Là, c’est le lac Laflamme. Plus loin, on aperçoit le lac Simard. De l’autre côté, un étang à castors nous interpelle.
L’autre parcours, le Sentier des Oiseaux, est plus exigeant. Mesurant environ 5 km, il permet de voir de proche ce que son petit frère nous propose de loin. Sur les 85 hectares que compte le territoire, on trouve du peuplier faux-tremble, du bouleau à papier, un peuplement de pins gris âgés d’une centaine d’années, des cerisiers de Pennsylvanie, des érables rouges, des amélanchiers et même des peupliers à grandes dents. Sur les hauteurs, des bleuets poussent à profusion, tandis que, dans les basses terres, on remarque une tourbière à canneberges. Avis aux amateurs, c’est à l’automne qu’elles mûrissent. “ C’est cette variété qui m’a séduit ”, indique Normand Roy.
| LE COUVERT BORÉAL | AUTOMNE 2009
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